dimanche 13 mai 2012

La terre de nos ancêtres

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais même en dehors du cours… je réfléchis BEAU-COUP. Peut-être même un peu trop. J’ai un mal de tête depuis les deux dernières semaines : manque de sommeil ou side-effect de trop utiliser ma matière grise? Je sais pas trop! En tout cas, j’ai décidé de prendre une journée de congé/break de cerveau du cours ce vendredi… ce qui m’a amené à encore plus de réflexions finalement durant ma fin de semaine. Bravo vous direz, je sais je sais! Pour faire ma psychologue, je pense que tout ça part du choc cognitif que j’ai vécu en écoutant « Collapse » et en entendant : « Laissez faire vos cannes de conserve, achetez-vous des graines et un livre de premier soins! » Cette phrase m’a vraiment frappé et j’ai commencé à, non seulement me remettre en question, mes aussi mes rêves et mes aspirations. J’ai toujours voulu faire le tour du monde, mais en ce moment je suis tourmentée entre cet exotisme et l’idée d’un retour à la terre.

Alors voilà, c’est pourquoi j’ai décidé de vous parler de ma fin de semaine et des questionnements qui me hantent depuis les dernières semaines. Il se peut que ça tourne en longe tirade haha, je laisse mes doigts me guider. Je ne sais pas si je le fais plus pour partager mon expérience ou pour me vider le cœur alors c’est correct si vous regardez juste les photos. Je sais que ça m’arrive de radoter parfois.

Bon. Qu’est-ce qui a commencé tout ça? C’est assez banal, mais vendredi je suis allé à la pêche avec mon copain et son grand-père, un des hommes les plus sages que je connaisse. Sur le chemin du lac (que je vais garder secret si je ne veux pas me retrouver célibataire), nous avons discuté de toutes sortes de sujets se rapportant à l’environnement, au gouvernement, au pouvoir, à l’argent et à l’énergie. Bref, pas mal ce qu’on fait présentement dans le cours. Tout cela m’a fait réfléchir et m’a fait réaliser qu’aujourd’hui on n’accorde pas assez d’importance à nos aînés. Ils possèdent des savoirs et des expériences de vie infinis, qui seraient très utiles à notre société en besoin de changement (ou de retour à la source). Je reviendrais sur ce point un peu plus tard. Donc, j’étais en bateau et je me disais que tabarouette j’avais réellement oublié comment le Nord de l’Ontario était beau et comment nous sommes chanceux et pleins de ressources! Souvent, en fait presque toujours, je ne prends pas le temps d’apprécier la vie et de profiter des petites choses. Est-ce que c’est la même chose pour vous? Dernièrement, je parle beaucoup de c’est quoi LE bonheur. Ben quand j’étais assis dans le bateau, à regarder ma famille, le lac, le reflet des arbres dans celui-ci, le soleil, les oiseaux et à sentir la nature et l’air frais, je me suis dit : « si c’est pas ça le bonheur, ben j’en veux pas! »


La journée a été magnifique et j’ai fait le plein de vitamine D! On est revenu en fin d’après-midi, avec trois truites et ben d’la paix intérieure (ceux qui veulent les histoires de pêche que j’ai coupées vous viendrez me voir!). Le soir on a fait un feu. Est-ce que je suis la seule qui « tripe » sur les feux!? J’adore le parfum des bûches qui brûlent! Et non ce n’est pas parce que je suis pyro! 


Durant la soirée, on entendait des « chants » bizarres. Alors, on s’est dirigé vers l’étang, parce que oui y’a des gens qui ont des étangs dans leur cour arrière. Finalement, on a découvert que c’était les crapauds qui faisaient ces bruits, parce que c’était leur période de reproduction. Ils essayaient d’attirer les femelles avec leur chanson. Pour presque une demi-heure, à la lampe de poche, on a regardé les crapauds s’époumoner à attirer une compagne. Un moment magique! On ne se rend pas compte de tout ce qui se passe près de nous et dans les écosystèmes durant notre routine de tous les jours, mais si on s’arrête un instant je crois qu’on peut réellement être émerveillé et inspiré par ce qui nous entoure. 


              Pas besoin de traverser les continents. Après, on a aussi décidé de réveiller le gros cochon pour le gratter. Il s’est laissé faire, même s’il n’était pas très content qu’on le réveille et qu’on n’aille même pas de bouffe pour lui! Impardonnable! Saviez-vous qu’un cochon aime se faire gratter? Pi qu’il lève la patte comme un chien quand on le gratte? Et que si on continue il se laisse tomber sur le dos pour se faire gratter le ventre? Pi qu’il branle sa queue en tire-bouchon quand il est content? Tout ça faire partie de mes petits plaisirs réguliers quand je vais à Jogues. J’étais de celle qui pensait que c’était cruel de tuer des animaux pour les manger et que c’était méchant d’appeler son cochon Ribs ou Porky (Pork Chops). Par contre, après avoir vu le documentaire FOOD INC (attention aux chocs cognitifs si vous décidez de l’écouter) et comment les animaux de petites fermes sont aimés et bien traités, j’ai changé d’idée. Y’a juste les fous qui ne changent pas d’idées non?! Le p’tit Ribs il mange mieux que beaucoup de gens : il est nourri au restant de restaurant. Son mets préféré c’est de la pizza, yer ben difficile pi y mange même pas ses croûtes en plus! Il ne pourrait pas être plus gâté que ça et je crois que c’est ça l’important.

(Ribs)

(Oui c'est des beignes!)

 
(Oui c'est une tranche de pizza!)

Maintenant, regardez ces œufs:

Bizarre non? En fait non ce n’est pas bizarre. Des œufs c’est pas censé être exactement la même grosseur et la même couleur. Les œufs à l’épicerie sont déjà vieux de quelques semaines quand vous les achetez. Après deux semaines dans votre réfrigérateur, ils le sont encore plus. Je ne vous ferai pas l’histoire des œufs, mais ceux de la photo sont frais de la journée et le jaune est un vrai jaune, il n’a pas l’air « malade ».


Je suis super contente parce que cette année, mon copain nous élève une dizaine de poules à Jogues, qui sont en ce moment des beaux tis poussins telllleemmeennntt cutes! Pas de chimique, pas de poules modifiées, pas de petites cabanes avec 200 poules dedans et pas d’abattoir dégueu! C’est un premier pas vers un retour à la terre et vers un « consommateur conscient » qui fait des choix éveillés.

On a aussi un lapin et l’été des bébés pour amuser les petits-enfants. Adorable!




Je vous avoue que je déteste les dindes. Je ne sais pas pourquoi. Je trouve quand même qu’ils ont une certaine prestance.



Il y a aussi un canard « pimp ». Il se promène dehors autour de l’étang en faisant couac couac et il a vraiment de l’attitude. Si c’était de seulement de moi, il vivrait dans la maison!


Finalement, mes préférées : les tis canetons pas poliçons! Ils sont adorables, doux, jaunes et super curieux. Quand tu as ça au creux de tes mains, tu touches au bonheur de très près… Y’a rien de plus plaisant que de leur donner du pain et les aimer.







C’est depuis que je passe mes fins de semaines à Jogues que je me demande si nos ancêtres n’avaient pas déjà la recette gagnante. La famille au numéro au des valeurs et du bon travail pour gagner sa vie et son pain. Ils passaient leur vie à travailler une terre pour que la vie soit plus facile pour les générations futures. Aujourd’hui est-ce que la vie est rendue « trop facile »? Est-ce qu’on a trop progressé? La question a été un peu répondu durant le cours. J’ai une amie qui travaille à la maison verte avec les plantes et elle m’a dit qu’elle était plus heureuse depuis ce temps-là et qu’elle revenait à la maison de bonne humeur. Elle s’est demandée si c’était l’effet de la nature et elle a trouvé sur internet une recherche qui prouvait que de travailler à l’extérieur avec les plantes était bénéfique pour la santé mentale. J’ai vécu un peu ça dans ma fin de semaine parce que c’était le temps de préparer le jardin. Cette année j’ai décidé que je m’impliquais dans le processus de A à Z, et pas seulement de manger les bons légumes à la fin. Je vais être honnête avec vous : c’est d’la job! Je suis raquée aujourd’hui, mon corps n’est pas habitué de passer la journée penché, à genou et plié de tous les sens possibles. Par contre, c’était tellement plaisant de voir toute la complexité de la chose. Pourtant, ça paraît simple faire un jardin, mais il y a plein de détails à considérer. Si vous voulez en savoir plus, je suis prête à vous expliquer plus en détail ma journée dans la terre!

(Mes oignons russe)

(Mes oignons jaunes)


(Navets)

J’ai toujours détesté les insectes. Pas de peur, mais juste parce qu’ils ont toujours des drôles d’antennes et sont « gouwy ». Je me rappelle d’une fois ou je chialais sur les vers de terre, parce qu’en terme de gouwy ça gagne haut la main tous les concours. Mon père m’a expliqué comment les vers de terre sont les meilleurs amis des jardiniers. Sans le savoir, il m’a appris que tous les êtres vivants avaient un rôle sur terre. Depuis ce temps, j’aime les vers de terre malgré leur gouwyness et lorsque j’en vois sécher au soleil j’essaye de les sauver. Bref, une petite leçon de vie qu’on se rappelle 12 ans plus tard. Avez-vous déjà réalisé le nombre d’insectes qu’il y a sur la Terre! C’est fou ils sont partout partout! Moi ça m’impressionne et ça me rend triste de réaliser que jour après jour on perd rapidement cette biodiversité.

          Pour revenir à mon idée de plus tôt, j’ai réalisé que j’avais oublié comment j’aimais la nature, comment j’aimais passé mes journées à l’extérieur. Je veux réapprendre à profiter de ce que la Terre m’offre chaque jour. Je pense que ceci passe par l’apprentissage de nos aînés ou des sages comme mon père qui savent comment apprivoiser la nature. Quand je pense au grand-père de mon copain, je suis toujours impressionné parce qu’il a fait tous les emplois possibles, il est débrouillard, travaillant et en terme d’autosuffisance et de survie il s’y connaît. Et c’est là mon message d’aujourd’hui je crois : il faut profiter de ce savoir pendant qu’il est encore temps, parce que plus tard, lors de crises et de « crash de société » ça va nous être vraiment utile.  « Ce que tu as reçu de tes ancêtres, acquiers-le, pour le posséder » Johann Wolfgang von Goethe. La sagesse qui découle de ces gens est incroyable et chaque moment passé en leur compagnie est une expérience de vie et d’apprentissage. Je ne dis pas non aux voyages, à mes rêves, mais je contemple sérieusement ce retour aux valeurs d’antan (valeurs comme celle de la famille, j’veux quand même pas perdre mon droit de vote même si on n’est pas dans une réelle démocratie). Je n’ai pas toutes les réponses, mais après ma fin de semaine, je vois le bonheur dans mon petit, jardin, ma famille, mon composte… même les É-PI-NETTES!

           Nous vivons aujourd’hui sur la terre de nos ancêtres, mais il ne faut pas oublier qu’un jour ce sera nous les ancêtres. Alors, il faut qu’il reste quelque chose de « potable » pour les générations futures.

Je vous laisse sur un proverbe chinois :
« Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines. »


N.B.
(Désoler pour la longueur!)

6 commentaires:

  1. WOW Néomie, je crois que nous avons possiblement passé la même fin de semaine..avec la nature :) C'est formidable.

    RépondreSupprimer
  2. Excellent billet! Ça me rappelle les années où mes amis et moi rêvions de vivre des communes. Je suis nostalgique :)

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour le beau voyage en ta compagnie...

    Marc

    RépondreSupprimer
  4. Peut-être plus long que l'habitude, mais ton billet valait la peine d'être lu! Je suis d'accord avec toi! Je n'ai pas rencontré de poule, etc. mais vendredi soir je me suis assis au bord du feu avec mes amies et c'était le meilleur sentiment au monde! Il faut vraiment apprécier les petites choses dans la vie et admirer ce que la nature nous offres! Bravo :) - j’ai aussi vraiment apprécier les photos!

    RépondreSupprimer
  5. Ce sont ces moments qu'on garde en nous pour longtemps. Merci de partager.

    RépondreSupprimer
  6. Wow Noémie! Pareil beau billet... sérieusement, tu m'impressionnes! Ton écriture, ta réflexion... mais surtout le cheminement de ta pensée m'impressionne! Lâche pas... tu vas finir par l'être heureuse malgré tout! Je crois que tu as un excellent bout de chemin de fait!

    Elsa :)

    P.s. Je suis dédaigneuse des cochons, des poules, des insectes et des poissons... mais je suis presque jalouse de ne pas être à ta place! :)

    RépondreSupprimer